9

Rio de Janeiro. Brésil.

 

Personne n’est plus facile à piéger qu’un flic. Juliette connaissait assez les petits chemins des favelas pour arriver à l’hôtel Laranjeiras sans se faire repérer. Mais pour rendre son retour plus crédible, elle préféra se faire capturer. Elle entra donc dans une pension de Botafogo, demanda une chambre et déclina sa véritable identité. Au regard du réceptionniste, elle comprit qu’il avait été saisi, comme tous les hôteliers, d’un avis de recherche la concernant. Elle le vit disparaître, sans doute pour téléphoner discrètement. Un quart d’heure plus tard, alors qu’elle était allongée sur le lit grinçant de la chambre n° 6, la porte vola d’un coup de pied. Une escouade de policiers menés par un petit homme rondouillard aux cheveux noirs presque crépus et coupés ras fît irruption dans la chambre, l’arme au poing. Juliette se laissa embarquer sans résistance, mais en prenant l’air apeuré et surpris. Ils la firent monter à l’arrière d’une fourgonnette aux vitres grillagées qui sentait la sueur et le cambouis. Sirène hurlante, ils la menèrent à travers la ville jusqu’à un bâtiment austère situé non loin de la baie. Elle traversa des couloirs où attendaient, menottés, de jeunes garçons à l’air absent et quelques prostituées. Par un petit escalier puis d’autres corridors, ils arrivèrent jusqu’à une porte sur laquelle était écrit « Divisâo criminal ». Le petit homme qui l’avait arrêtée frappa à la porte, qui s’ouvrit aussitôt. Dans un vaste bureau aux murs nus, meublé d’une table encombrée de dossiers et de quelques chaises en métal dispersées sans ordre, Juliette vit trois hommes : l’un d’eux, qu’elle ne connaissait pas, était vêtu d’un uniforme d’officier de police. Les deux autres étaient Harrow et Zé-Paulo.

Ils la cuisinèrent pendant plus d’une heure. Harrow ne posait aucune question. Il se contentait de fixer sur elle son regard bleu, où il était impossible de lire autre chose que de la haine.

Elle s’en tint strictement à la version qu’elle avait préparée. La peur seule l’avait poussée à s’enfuir. Elle était partie au hasard droit devant elle, prise d’une panique inexplicable. Peut-être était-ce l’approche du grand jour, l’usure de l’attente, le désarroi amoureux. (Elle jeta un coup d’œil vers Harrow sans en dire plus.) Les policiers de garde en bas de la rue bavardaient entre eux, ils ne l’avaient pas vue passer. La nuit, elle avait dormi sous un porche, couchée par terre, et les rares passants avaient dû la prendre pour un mendiant. Non, elle n’avait parlé à personne. Non, elle n’avait été abordée par personne. Elle n’avait aucun projet. Pourquoi avoir choisi l’hôtel de Botafogo où elle avait été retrouvée ? Par hasard, par épuisement. Oui, elle était heureuse qu’ils l’aient retrouvée. Elle espérait qu’ils lui faisaient toujours confiance. Elle avait plus que jamais envie d’agir. Il fallait seulement que cela aille vite car elle ne supportait plus l’attente, l’incertitude.

Au bout d’une heure, l’officier fit entrer deux policiers qui se tenaient devant la porte dans le couloir. Il la leur confia, tandis qu’il se retirait dans une pièce voisine, suivi de Zé-Paulo, qui affectait une dignité un peu ridicule de procureur requérant la mort, et de Harrow, toujours impénétrable.

Quelques minutes plus tard, ils rentrèrent. Zé-Paulo avait l’air énervé et contrarié. Sans doute n’avait-il pas eu le dessus dans la discussion. Ce fut Harrow, cette fois, qui parla. Il avança une chaise près de celle de Juliette, lui prit la main avec douceur et baissa la tête.

— C’est bon, dit-il. Nous allons rentrer à l’hôtel. Tu n’auras plus à attendre. Nous lancerons l’opération ce soir même, à la tombée de la nuit.

 

Juliette partie, Paul passa une demi-heure à signaler sa présence aux gardes chargés de le surveiller. Il appela le service de chambre pour faire monter un Coca-Cola, s’accouda longuement à la fenêtre, bien en vue des prétendus chauffeurs qui l’observaient d’en bas en cachant – mal – leur talkie-walkie. Il passa plusieurs appels depuis la ligne fixe chez un dentiste, un notaire, une cartomancienne. Chaque fois, il expliquait laborieusement à des interlocuteurs qui parlaient à peine anglais qu’il venait d’arriver à Rio, qu’aujourd’hui il se reposait et ils se mettaient d’accord sur un rendez-vous pour les jours suivants. Ces informations devaient remonter par les canaux à la fois réactifs et laborieux qui constituent la mécanique habituelle des filatures. Ses anges gardiens avaient du grain à moudre pour quelque temps. Il pouvait agir.

Juliette l’avait informé que personne ne le surveillait à l’étage. Il sortit donc de sa chambre très naturellement, emprunta le couloir mais, au lieu de s’arrêter aux ascenseurs, il continua jusqu’à une porte sur laquelle était inscrit « Service ». Il portait, comme elle le lui avait recommandé, un gros bouquet de fleurs. Juliette lui avait indiqué qu’il y en avait toujours un sur une table, au bout du couloir, et qu’il était changé régulièrement. Elle lui avait expliqué que pour circuler dans les soutes d’un établissement tel que l’Oceania, il était préférable d’avoir l’air affairé. Caché derrière son gros bouquet, il était tout à fait crédible. Une faune invisible de femmes de chambre, de livreurs, de garçons d’étage se croisait dans ces boyaux mal éclairés, ces escaliers lépreux où le velours défraîchi des couloirs réservés à la clientèle cédait la place à une décoration sommaire faite de lances à incendie, de chariots de ménage et de pots de peinture.

Paul suivit les indications que Juliette lui avait données. Personne ne lui posa la moindre question et il sortit par une porte à double battant qui ouvrait sur les poubelles de l’hôtel. La ruelle qu’il emprunta débouchait sur l’avenue commerçante qui longe Copacabana, à l’arrière des immeubles du front de mer. Il héla un taxi et se fit conduire au centre-ville. Dans l’avenue Rio Branco, il acheta un téléphone portable avec une puce valable dans le monde entier. Assis sur un banc, il appela Barney à Providence.

Il tomba sur Tycen qui poussa un cri en l’entendant.

— On vous cherche partout ! Pourquoi n’avez-vous pas pris contact en arrivant au Brésil ?

Paul lui résuma rapidement la situation.

— Barney se doutait que c’était un piège, dit Tycen. Et Archie aussi.

— Archie ! Il sait que nous sommes ici ?

Tycen se rendit compte que Paul ignorait les derniers développements, à Providence. Il lui raconta l’intervention de Lawrence, la conversation de Barney et d’Archie, le revirement de celui-ci.

— Où sont-ils en ce moment ?

— En vol pour Rio.

— Tous les deux ?

— Oui.

— À quelle heure arrivent-ils ?

Tycen pianota sur son ordinateur.

— Onze heures trente, heure locale, à l’aéroport Galiâo.

Un coup d’œil à sa montre et Paul vit qu’il était onze heures moins dix.

— Je vais les chercher, dit-il.

Il raccrocha et sauta dans un taxi.

Kerry avait traversé Rio en taxi à la pire heure : ces moments encore frais du matin où tous les habitants des quartiers périphériques s’agglutinent sur les voies rapides pour rejoindre leur bureau. Le cabinet de son amie Deborah était situé de l’autre côté du pont de Niteroi, dans une zone pavillonnaire. Des arbres trop nourrisse pluie et de soleil faisaient éclater les trottoirs.

Derrière des portails de fer, on distinguait des jardins plantés de manguiers et de citronniers. Après dix coups de sonnette, une employée noire vêtue d’une blouse de coutil qui évoquait vaguement un uniforme médical vint lui ouvrir, mais ne la laissa pas entrer. « Le docteur » ne consultait pas le jeudi. Il était inutile de l’attendre. Elle n’avait pas son numéro de portable. La femme donnait ces renseignements de façon laconique, en regardant Kerry avec une suspicion teintée de mépris. Elle considérait à l’évidence que la folie profonde de tous les gens qui défilaient dans ce cabinet n’était pas les troubles dont ils venaient se plaindre, mais le fait qu’ils acceptent de payer des fortunes pour que quelqu’un se contente de les écouter. À bout d’arguments, Kerry finit par trouver une idée qui parut suffisamment raisonnable à l’employée pour qu’elle daigne y répondre. Elle lui demanda si Deborah (« le docteur ») consultait toujours à l’hôpital. Ce renseignement n’était pas compromettant et paraissait de nature à accroître encore le respect que sa patronne méritait d’inspirer à la vieille femme. Celle-ci répondit qu’en effet « le docteur » consultait à l’hôpital des sœurs de l’Immaculée-Conception, à Graças. Elle ne savait ni quand ni dans quel service, mais Kerry, au moins, avait une piste.

Le taxi s’était garé un peu plus loin. Elle le rejoignit et demanda au chauffeur s’il connaissait l’hôpital en question. Il lui répondit que non, mais qu’en se rendant dans le quartier de Graças il trouverait facilement quelqu’un pour le renseigner.

Ils mirent encore une bonne heure, dans les embouteillages, pour rejoindre l’autre côté de la baie. Le temps s’écoulait à la fois trop lentement et trop vite.

Lentement, parce que Kerry était impatiente de remonter cette piste. Elle avait conscience qu’ils étaient engagés dans une course contre la montre et qu’à tout instant la catastrophe pouvait se produire. Trop vite parce que ces derniers instants de la mission, cette impatience, ce stress, cette angoisse la mettaient dans un état de transe qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps et qu’elle n’éprouverait peut-être plus jamais. Elle se sentait comme quelqu’un qui vit ses derniers moments dans un pays, s’en imprègne, s’y sent parfaitement à l’aise, mais sait que le lendemain il l’aura quitté. À Graças, le chauffeur stationna le taxi sur une place devant un petit bar où étaient attablés des couples d’étudiants, amoureux et nonchalants. Il s’éloigna pour tenter de trouver quelqu’un qui pût lui indiquer l’hôpital de l’Immaculée-Conception. Kerry appuya sa tête sur le siège et ferma les yeux, gagnée par une somnolence qui venait sans doute des décalages horaires successifs de ces derniers jours, de ses nuits sans sommeil, de son angoisse.

Cette fatigue l’avait rendue à la fois plus impatiente, plus sensible aux décors, aux couleurs, aux ambiances et moins vigilante. Pas plus que Paul elle n’avait pris garde que la voiture qui l’avait chargée à la sortie de l’hôtel était garée à l’écart de la file de taxis. Et elle ne s’inquiéta pas de l’absence prolongée du chauffeur. Elle n’imaginait pas que, dissimulé à l’angle d’une rue, il communiquait par talkie-walkie avec ceux qui, dans l’ombre, lui avaient confié la mission de la surveiller.

Quand il revint, il expliqua qu’il avait réussi à trouver l’adresse de l’hôpital et elle considéra qu’il avait simplement fait ce qu’elle lui avait demandé.

Ils mirent un temps assez long à rejoindre l’établissement, mais, faute de connaître la ville, elle n’y vit qu’un effet de la complexité de ces ruelles mal pratiques où les voitures circulaient au pas. Enfin, ils s’arrêtèrent devant un bâtiment en briques rouges dont rien n’indiquait la destination. Seule la présence d’une longue queue de pauvres gens devant une porte laissait penser qu’on y dispensait des secours gratuits. Kerry dépassa la file et s’expliqua avec un cerbère qui la laissa entrer sans difficulté. L’intérieur du bâtiment était presque désert et calme. Il respirait plus le monastère que l’hôpital, malgré une odeur d’éther qui semblait sortir des murs. Kerry prit un certain temps à chercher quelqu’un à qui s’adresser et qui comprît l’anglais. Elle le découvrit sous la forme d’une impressionnante sœur vêtue de blanc, coiffée d’un voile plissé, insigne de son ordre ou attribut de ses fonctions d’infirmière, qui la toisa d’un air réprobateur, en regardant avec insistance ses cheveux en désordre.

Elle lui indiqua que le département de psychologie était situé au troisième étage. Kerry monta par un escalier recouvert de linoléum et déboucha sur un palier désert. Un long corridor sur lequel ouvraient des portes identiques et sans aucune indication, parcourait tout le bâtiment jusqu’à une fenêtre à demi cachée par un énorme palmier en pot. Elle avait le choix entre attendre que quelqu’un sorte ou bien ouvrir une des portes, au risque d’interrompre une consultation. Elle regarda sa montre : il était déjà deux heures et demie. Il n’y avait pas de temps à perdre. Elle poussa la première porte et tomba sur une petite pièce vide meublée d’une table et de deux chaises. Elle en ouvrit une deuxième, une troisième et, finalement, à la suivante, découvrit un médecin en train d’écouter un très vieil homme. Le patient continuait de parler sans se rendre compte que quelqu’un était entré dans la pièce. Le médecin ne parut pas mécontent d’interrompre sa tâche. Il se leva, vint à la rencontre de Kerry et passa dans le couloir avec elle.

— Excusez-moi, je cherche une de vos collègues. C’est pour une affaire urgente.

L’homme s’enquit du nom de celle que Kerry cherchait et il réfléchit un instant.

— Ce n’est pas un médecin, précisa-t-il, avec une pointe de mépris. Deborah est seulement une psychologue. Elle vient ici le mercredi matin, si je ne me trompe pas.

On était jeudi.

— Vous avez une idée de l’endroit où je peux la trouver ?

— Attendez-moi une minute.

Il rentra dans le cabinet de consultation, prit un annuaire photocopié posé sous le téléphone et revint en le feuilletant.

— Voilà, annonça-t-il fièrement.

Il lut une adresse et tendit la page à Kerry pour qu’elle en déchiffre elle-même l’orthographe. C’était la rue du cabinet privé où elle s’était rendue le matin et le numéro de téléphone était celui qu’elle avait appelé sans succès.

— Vous n’avez pas son adresse personnelle ?

— Je regrette, je ne la connais pas personnellement. C’est tout ce que je peux faire pour vous.

— Quelqu’un d’autre, ici… ? dit-elle en faisant un geste vers les autres portes.

— Personne n’en saura plus, je le crains. Nous sommes des praticiens libéraux et nous avons peu de rapports entre nous.

Kerry le remercia et descendit. Encore une piste qui ne déboucherait sur rien. Elle sentait pointer en elle le découragement.

Au rez-de-chaussée, la sœur infirmière avait disparu. Mais un homme déambulait dans le hall, un téléphone portable à l’oreille. C’était un Brésilien au teint bistre, vêtu avec élégance d’un complet blanc et d’une chemise de bonne coupe au col ouvert.

— Vous cherchez quelque chose, mademoiselle ? dit-il en refermant son téléphone.

Kerry ne comprit pas la phrase car il avait parlé portugais. À son ton de galanterie un peu ridicule, elle en devina le sens à la fois explicite et sous-entendu. Mais, après tout, elle ne pouvait négliger aucune aide.

— Je cherche une psychologue qui travaille ici le mercredi, dit-elle en anglais.

— Comment s’appelle-t-elle ?

Il avait dû apprendre l’anglais en Floride ou au Texas et les intonations américaines se mêlaient à l’accent chuintant des Cariocas.

— Deborah ! s’écria-t-il quand elle lui eut dit qui elle recherchait. Mais c’est une excellente amie.

Sentant la surprise de Kerry et peut-être un peu de méfiance dans son expression, il s’empressa de préciser qu’il était également consultant dans ce dispensaire, quoique dans une autre spécialité.

— Je suis neurologue. Deborah et moi avons travaillé plusieurs années ensemble à l’université. Permettez-moi de me présenter. Mon nom est Mauro Mota.

— Vous connaissez… son adresse personnelle ?

— Mais bien entendu. Nous avons dîné ensemble pas plus tard que la semaine dernière.

C’était une rencontre providentielle et Kerry, quoi qu’elle pût ressentir, ne pouvait pas se payer le luxe de se montrer méfiante, de demander des garanties, des preuves.

— Vous pourriez me la donner ? Il faut que je la voie de façon très urgente.

— Certainement. Mais nous allons d’abord l’appeler. Je ne suis pas sûr qu’elle soit chez elle à cette heure-ci.

Il composa un numéro sur son portable. Quelqu’un répondit et il fit plusieurs questions en portugais. Il raccrocha.

— Elle sera chez elle vers cinq heures.

— Où habite-t-elle ?

— Vous avez une voiture ?

— Un taxi. Il m’attend dehors.

Le médecin fit une moue.

— Un taxi ne trouvera jamais. Elle habite une villa sur les hauteurs du Corcovado, un endroit charmant d’ailleurs. Il n’y a pas positivement d’adresse. Il faut connaître.

Il regarda sa montre.

— Il est presque trois heures. Je n’habite pas très loin de là. Comme j’ai terminé ma consultation, je peux vous déposer, si vous voulez.

Après tout, qu’avait-elle à perdre ? Le type était un macho dragueur, mais elle en avait vu d’autres et il ne paraissait pas bien dangereux.

— C’est très gentil. J’accepte volontiers, si cela ne vous dérange vraiment pas.

Ils sortirent du dispensaire et elle s’approcha du taxi.

Mauro Mota la devança, tendit un billet au chauffeur et le congédia froidement.

— Ma voiture est un peu plus bas.

Il l’emmena vers un garage en étage situé entre deux immeubles. Le gardien, en le voyant, courut chercher une Lexus noire et la déposa, moteur tournant, devant son propriétaire.

— Nous avons une heure devant nous, avant que Deborah ne rentre. Je peux vous offrir un verre ?

Kerry n’était pas étonnée que ce play-boy lui propose un intermède de cette nature. C’était dans la logique du personnage et elle ne voyait pas de raison de refuser. Il la conduisit jusqu’au lac au-dessus duquel se dresse, tout en haut de son pic, le Christ Rédempteur. Ils entrèrent dans un café à la mode, avec une ambiance dépouillée, vaguement importée de New York, de jeunes serveurs en chemise noire.

— Excusez-moi, dit Kerry en s’installant. Mon ami est resté à l’hôtel. Je vais l’appeler pour savoir s’il veut se joindre à nous.

Elle s’amusait à l’avance de la réaction du galant homme. Il se montra parfait, ne laissa paraître aucun dépit et lui offrit son portable pour appeler. Elle composa le numéro de l’hôtel, demanda la chambre de Paul, mais n’obtint pas de réponse.

— Il n’est pas là, dit-elle en raccrochant. Tant pis, j’irai sans lui.

Curieusement, le médecin parut plus décontenancé par cette information qu’il ne l’avait été d’apprendre l’existence de Paul. Mais il ne marqua pas longtemps sa surprise et reprit la conversation avec naturel. Ils commandèrent des cocktails, échangèrent des propos sans importance. Kerry expliqua qu’elle était en voyage touristique au Brésil, s’efforça de s’intéresser à des propos insignifiants sur Rio, ses monuments, ses spectacles, son carnaval.

Au bout d’un quart d’heure environ, Mauro Mota s’excusa et partit vers le fond du café. Elle l’attendit, en réfléchissant à ce qu’elle allait demander à Deborah. La trouver avait été sa seule préoccupation. Maintenant qu’elle y était presque parvenue, elle se rendait compte que l’essentiel restait à faire. Comment s’y prendrait-elle, avec son aide, pour remonter la piste jusqu’à Harrow ? Son intention était d’approcher Oswaldo Leite, qui semblait l’homme clef de l’opération au Brésil. Deborah était d’une grande famille qui comptait plusieurs hommes politiques, de grands financiers. Mais à supposer que Kerry puisse, avec son aide, atteindre cet homme, comment s’y prendrait-elle pour l’intimider ou, à tout le moins, l’influencer ?

Pendant qu’elle était plongée dans ces réflexions, Mota, dans l’arrière-salle, dissimulé par une tenture, téléphonait.

— Vous saviez qu’il était parti ?

— On vient de l’apprendre, répondit son correspondant. Il n’est pas sorti par la grande porte et les gars n’ont rien vu. Mais on s’en occupe. Tout le monde est sur le coup. Il ne peut pas aller bien loin.

— Alors, je fais quoi ?

Il y eut un silence au bout du fil.

— On montera quelque chose pour lui quand on l’aura retrouvé. En attendant, tu continues l’opération comme prévu, même si c’est seulement pour elle.

Le Parfum D'Adam
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